17-La balance des blancs
Avez-vous déjà pris une photo où les couleurs semblent erronées ? Par exemple avec une forte teinte bleue ou orange (c’est ce qu’on appelle une dominante de couleur) ? Si vous avez déjà pris une photo de nuit, cela a dû vous arriver plusieurs fois.
C’est dû à une mauvaise balance des blancs : les couleurs ne sont pas bien équilibrées entre elles et une dominante apparaît. Un indice visible est que le blanc n’est plus blanc pur, mais légèrement jaune ou bleu.
Ce phénomène s’explique car toutes les sources de lumières ne sont pas identiques, certaines ont des composantes plus chaudes que d’autres (c’est-à-dire qu’elles ont plus de jaune et de rouge que de bleu et de vert). On parle de température de couleur. Il existe une définition scientifique, mais il n’est pas nécessaire d’en parler ici maintenant.
Par exemple, la lumière tungstène (les lampes à incandescences classiques) a l’air plus chaude que la lumière du jour, ce qui explique pourquoi elle apparaît si jaune sur les photos de nuit. Les lumières fluorescentes (celle des tubes néon), en revanche, sont plutôt froides, ce qui explique l’ambiance « stérile et inhumaine » de certains bureaux. Notre œil est capable de compenser presque instantanément cette dominante de couleur due à l’éclairage pour que les blancs apparaissent blanc, mais ce n’est pas si facile pour l’appareil photo !
Votre appareil photo a probablement un réglage de la balance des blancs (WB en abrégé), même s’il est extrêmement basique. Les modes habituellement proposés sont Auto (AWB), Ensoleillé, Nuageux, Fluorescent, Tungstène. En choisissant un mode autre qu’Auto, vous dites à l’appareil comment gérer les conditions de lumières de manière à ce qu’un objet blanc apparaisse effectivement blanc
Les choses sont beaucoup plus compliquées pour les photographes argentiques, car les deux façons de contrôler la balance des blancs est d’utiliser une pellicule différente (certaines sont connues pour être plus chaudes que d’autres), ou bien d’utiliser des filtres colorés.
La balance des blancs est également un outil créatif très puissant, car nous avons instinctivement tendance à réagir d’une certaine façon vis-à-vis des couleurs d’une image : les tons chauds transmettent une idée de confort, de douceur, de bien-être, tandis que les couleurs froides sont plus souvent distantes, hostiles et cruelles. Si cela est compatible avec votre vision, n’hésitez pas à introduire de subtiles dominantes de couleurs dans vos images pour améliorer le message que vous essayez de transmettre.
Choisir la bonne balance des blancs peut sembler compliqué. En fait, notre cerveau compense la dominante de couleur très rapidement, si bien que nous ne remarquons pas tout de suite une lumière tungstène ou fluorescente dans notre environnement.
Bonne nouvelle pour les photographes en numérique : si vous photographiez en RAW plutôt qu’en JPG (nous en discuterons en détail dans une prochaine leçon), vous pourrez fixer votre balance des blancs plus tard, en post-production, sans perte de qualité d’image. En d’autres termes : inutile de s’inquiéter à propos de la balance des blancs jusqu’à ce que les photos soient importées sur votre ordinateur. Ensuite, les choses sont très faciles.
Si vous souhaitez néanmoins avoir une bonne balance des blancs directement à la prise de vue (parce que vous shootez en JPG, ou bien vous souhaitez passer moins de temps devant l’ordinateur), il y a 3 possibilités :
Vous faites confiance à l’appareil et shootez en balance des blanc automatique (AWB). LA plupart des appareil récent font un bon boulot tant que les conditions de lumières restent simples, mais c’est plus compliqué dès qu’il y a un mélange d’éclairages de différentes températures. En bref, il n’y aura pas de souci en mode AWB tant que vous photographiez en lumière naturelle en plein jour, mais attention dès que vous ajoutez une lumière artificielle.
Vous essayez de déterminer le type de lumière, et réglez la balance des blancs de l’appareil dans le bon mode. Savoir que le mode « fluorescent » va réchauffer votre image, et que le mode « tungstène » va la refroidir est utile. En faisant des photos tests, vous pouvez faire des essais/erreurs jusqu’à obtenir une balance des blancs qui correspond à votre vision. C’est assez laborieux et il vous arrivera probablement d’oublier de revenir en mode AWB entre chaque photo, mais ça peut fonctionner avec un peu de pratique !
Dernière solution : utiliser un carré de couleur grise pour créer votre propre mode de balance des blancs. C’est clairement la méthode la plus précise, mais aussi la plus longue et la plus complexe. Il va s’agir ici de prendre une photo d’un morceau de papier de couleur grise (n’importe quel papier gris fera l’affaire, même si boutiques de photo se feront un plaisir de vous vendre des petites cartes grises hors de prix), et de l’indiquer à l’appareil comme point de référence pour caler la balance des blancs. Logiquement, vous devrez répéter cette opération à chaque fois que la lumière change.
Si vous photographiez en RAW, vous pourrez ajuster la balance des blancs après-coup. Il y a plusieurs façons de le faire, par exemple utiliser les mêmes modes que sur votre appareil, ou bien ajuster la température de couleur à la valeur souhaitée à l’aide d’un curseur.
Néanmoins, la méthode la plus simple est d’indiquer au logiciel une zone neutre de l’image (avec un outil de type pipette), pour lui dire « cette zone doit être neutre, merci d’ajuster la balance des blancs en fonction ». C’est possible tant que vous pouvez trouver un objet qui est une nuance de gris, et vous obtiendrez des résultats aussi précis que si vous aviez utilisé la méthode précédente de balance des blancs manuelle.
Évidemment, il arrivera parfois de ne pas avoir de zone neutre dans l’image, et vous devrez dans ce cas bouger le curseur et vous fier à votre souvenir de la scène. Pour éviter ce scénario, certains photographes prennent une photo d’une carte grise au début d’une séance de photo pour avoir un point de référence.
Maintenant, à vous !
L’objectif de cette mission est de vous faire jouer avec les réglages de balance des blancs. Vous aurez besoin d'un appareil qui peut photographier en RAW.
Pour chaque partie de l’exercice, prenez une photo en RAW et en JPG (vous pouvez utiliser le mode RAW+JPG de votre appareil), tentez un post-traitement sur chaque photo, et comparez les résultats. Vous aurez aussi besoin d’un morceau de carton gris, mais toute couleur blanche ou grise qui n’est pas trop translucide conviendra.
Pour la première partie de cet exercice, allez à l’extérieur. Il importe peu que le temps soit ensoleillé ou nuageux, du moment qu’il s’agit de lumière naturelle. D’abord, réglez la balance des blancs sur Auto et prenez une photo de la scène, puis une autre de la carte grise. Maintenant, faites de même dans chacun des modes de balance des blancs offert par votre appareil.
Répétez le même exercice à l’intérieur, en lumière artificielle. Commencez d’abord avec un seul type de lumière (par exemple tungstène), puis si vous pouvez, en combinant en même temps tungstène et fluorescent dans la même scène.
Quand vous avez terminé, importez les images sur votre appareil et ouvrez-les sur un logiciel qui peut traiter les fichiers RAW (même de manière basique).
Observez les différences de dominante de couleur entre les images, et essayez de régler visuellement la bonne balance des blancs à chaque fois, en jouant sur le curseur de température de couleur.
Maintenant, utilisez les clichés de la carte grise pour trouver la température réelle de la scène dans chaque photo et modifier les photos par lot (un lot étant ici un ensemble de photos avec le même éclairage). Il y a habituellement un outil de traitement par lot dans les logiciels.
Pour finir, remarquez à quel point les fichiers RAW sont presque tous identiques, tandis que les fichiers JPG présentent une dégradation en qualité.