24-Les niveaux et les courbes
Dans cette leçon, nous allons détailler l’outil qui est de loin le plus puissant pour post-traiter vos photos : les courbes. Rien qu’avec cet outil, vous pouvez réaliser – disons – 50% de votre post-traitement. Ajouter à cela la maîtrise des calques et des masques (que nous aborderons dans la prochaine leçon), et vous atteindrez les 80 % (attention, chiffres non contractuels )
Même si les courbes sont assez simples à comprendre, il existe une version simplifiée de cet outil, qui est certes moins puissant mais néanmoins souvent suffisant : les niveaux.
Les niveaux et les courbes modifient l’exposition et par extension, le contraste. Pour les utiliser efficacement, il est crucial d’avoir une bonne compréhension de l’histogramme.
Commençons d’abord par les niveaux. Si vous vous souvenez bien de la leçon sur l’histogramme, un histogramme « idéal » a une forme en cloche, qui diminue progressivement de chaque côté jusqu’à coïncider avec les coins, qui correspondent au blanc pur (à droite) et au noir pur (à gauche).
Ce que vous voulez éviter, c’est que l’histogramme soit coupé par un bord. Par exemple, s’il s’agit du bord droit, cela signifie que vous êtes en train de perdre de l’information en ayant des pixels complètement blancs dans l’image.
De la même façon, vous ne voulez pas que cet histogramme se termine bien avant le bord droit, car cela voudrait dire que vous n’avez pas de pixels clairs, donnant une image terne, sans contraste.
Si vous avez fait attention à votre histogramme à la prise de vue, il ne devrait pas être coupé à droite ou à gauche. Mais puisque vous avez sûrement voulu prendre une marge de sécurité à la prise de vue, votre histogramme va être souvent être « trop petit » et ne pas toucher les bords : l’image apparait un peu fade, manque de contraste. En un mot : « ça manque de pep’s ! »
L’effet des niveaux est de changer la position et la largeur de votre histogramme, de manière à ce qu’il prenne tout l’espace horizontal.
Une façon intuitive de voir l’histogramme est de se l’imaginer comme comme un ressort horizontal, de même largeur. Il y a quatre niveaux principaux :
L’exposition : ce niveau va déplacer l’ensemble du ressort tel quel, sans le déformer. En translatant l’histogramme vers la droite ou la gauche, vous allez éclaircir ou assombrir l’image, respectivement. Typiquement, si vous avez pris une marge de sécurité à la prise de vue et que l’histogramme est trop éloigné du bord droit (image trop sombre), vous pouvez augmenter l’exposition.
Le point noir : il s’agit de l’extrémité gauche de l’histogramme. Quand vous bougez le point noir vers la droite, cela va déformer l’histogramme en compression, sans modifier la position de l’extrémité droite. Si vous bougez le point noir vers la gauche, cela va étendre l’histogramme pour occuper l’ensemble de la largeur
Le point blanc : a un effet similaire que le point noir, mais cette fois-ci sur l’extrémité droite de l’histogramme
Les ombres : ce niveau va lui-aussi déformer l’histogramme, mais au lieu d’agir sur les bords, il agit sur le milieu, et donc va modifier l’équilibre entre les hautes lumières et les ombres. Avec l’analogie du ressort, c’est comme si vous pinciez le ressort en son milieu et que vous l’emmeniez à gauche ou à droite (les extrémités restant fixes). Ce niveau est très utile pour une simple raison : il ne modifie pas les extrémités de l’histogramme : vous pouvez donc modifier la luminosité générale de votre image, sans craindre de perdre de l’information dans les blancs purs ou dans les noirs purs.
Concrètement, ce que vous pouvez faire 95% du temps, après avoir éventuellement ajusté votre exposition, est de simplement trier le point noir vers l’extrémité du bord gauche de l’histogramme, et le point blanc vers l’extrémité du bord droit. Une fois que vous avez appliqué ces outils, votre histogramme aura une forme bien équilibrée, avec juste un peu de blanc pur et de noir pur, et aucune perte d’information. Vous pouvez ensuite ajuster le niveau « ombres » pour doser l’équilibre entre hautes lumières et les ombres à votre convenance.
Même s’ils sont très utiles, les niveaux ont deux limitations principales : ils ne fournissent que trois points de contrôle sur l’histogramme (noir, blanc, ombres), et il est impossible de modifier la manière dont ils le déforment. Ils sont bien adaptés pour des modifications globales, mais pas pour les réglages plus fins. C’est là où les courbes vont nous être utiles. Voici un exemple ci-dessous :
Comme pour les niveaux, les courbes vont agir sur la luminosité de certains pixels (par exemple : « tous les pixels ayant une luminosité de 127 ont désormais une luminosité de 135 », etc), mais vous verrez qu’en pratique elles permettre de faire beaucoup plus.
Cela fonctionne de la manière suivante : à chaque (ancienne) valeur de luminosité sur l’axe horizontal, on définit une (nouvelle) valeur de luminosité sur l’axe vertical via la courbe. Donc, si vous me suivez bien, une parfaite diagonale signifie qu’il n’y a aucune modification (c’est la forme de départ). Si la courbe est en dessous de la diagonale, vous assombrissez l’image, tandis qu’au-dessus, vous l’éclaircirez.
Bien. Les choses commencent à devenir très intéressantes quand vous mélangez les deux. Typiquement, une courbe aura une forme enS, les ombres sont obscurcies et les hautes lumières éclaircies. En d’autres termes, vous augmenter le contraste. Mais en choisissant où la courbe en S intersecte la diagonale, et en modulant la courbure, vous pouvez très précisément modifier le contraste et la luminosité. Vous pouvez aussi faire des modifications sur les valeurs de luminosité qui vous intéressent, et laisser les autres telles quelles.
Une autre manière puissante d’utiliser les courbes est l’outil « pipette ».
Cela vous permet de placer un point de contrôle sur la courbe correspondant à la luminosité exacte du pixel de l’image pointé par la pipette. Vous n’avez ensuite qu’à déplacer le point vers le haut ou le bas pour modifier la luminosité de cette zone de l’image.